Ce petit livre collectif, dont on sait d’emblée qu’il ne peut faire un tout homogène, nous offre sept contributions de femmes, religieuses ou laïques, qui témoignent de leur foi, de leur espérance et du besoin de réformes dans l’Église catholique aujourd’hui.
Les titres des contributions parlent d’eux-mêmes. Propos d’une catholique inquiète, de Lucetta Scaraffia, exprime l’inquiétude avec des propos d’une certaine virulence sur le cas de notre Église catholique, où s’affichent discours et paroles en complète contradiction avec les actes en matière de comportement sexuel. Pour retrouver l’inspiration, il conviendrait de dépouiller l’Église des oripeaux accumulés au cours des siècles. « [Pour] ouvrir les portes à l’espérance, pourquoi pas un discours de l’Église sur les limites du mythe de la libération sexuelle ? »
Pour Véronique Margron, qui décrit Les indispensables enseignements de la crise des abus, le scandale met directement en cause les modes de gouvernance. Quelle place donner à l’autonomie du sujet, comment l’articuler avec le bien commun, en particulier dans les fondements de la vie religieuse, en communauté ? Il faut tirer les enseignements des dérives.
Dénonçant le discours classique de l’Église et ses ambiguïtés sur la spécificité du féminin, Anne-Marie Pelletier propose de « réintégrer les femmes dans une Église inclusive », et pense qu’il conviendrait dans la lignée de Paul (Lettres aux Galates, aux Corinthiens 1 et aux Éphésiens) de promouvoir l’égalité entre les hommes et les femmes. En ce temps de crise, il est urgent de retrouver la « fraternité baptismale » des débuts de l’Église.
De la tutelle à la capacitation : l’avenir des femmes dans l’Église. Marie-Jo Thiel redit que l’Église en est restée à une vision et des pratiques patriarcales, caractéristiques d’époques révolues, alors même que Jésus lui-même les avait rejetées. Faisant référence au document de synthèse du texte synodal, elle insiste sur la nécessité de distinguer le cœur de la foi des éléments culturels datés et de chercher ensemble de nouveaux ministères en s’abstenant d’intégrer les femmes dans un système clérical.
Isabelle de la Garanderie appelle à marcher ensemble dans la démarche synodale et à reprendre, comme Lumen Gentium nous y engageait déjà, le processus de conversion individuelle et collective pour « ressourcer l’Église en suivant le flair des fidèles à l’école du pape François ». Il faudrait rendre la Bonne Nouvelle audible pour notre temps.
Tout autre est l’approche de Laure Blanchon qui montre comment Tisser des liens avec des personnes très pauvres [est] un chemin de vie nouvelle. Notre société individualiste développe de fait une culture de l’entre-soi, entrave à la crédibilité de l’Église. Le scandale sexuel et la honte qu’il crée incitent à se replier sur soi. Les pauvres nous apprennent à reconnaître que nous ne pouvons vivre qu’en dépendance relationnelle. En se laissant enseigner par eux, un avenir pourra être ouvert à nos communautés chrétiennes.
Une Église peut en cacher une autre, c’est ce qu’Anne Soupa craindrait, si l’urgence et l’ampleur des réformes n’aboutissaient qu’à cléricaliser les femmes. L’Église doit être prophétique et lutter contre toutes les exclusions. Il est urgent de ne pas sanctuariser l’institution en voulant soit ne rien y faire évoluer soit tout en attendre. La Bonne Nouvelle est nouvelle tous les jours et pour qu’elle soit reçue par le monde ambiant, sans se confondre avec lui, elle doit en avoir « les mots, la culture et en comprendre les ressorts ».
La juxtaposition des approches et des points de vue de ces sept théologiennes rappelle combien les réflexions au sein du christianisme sont diverses et dignes d’intérêt quand elles s’appuient, simultanément, sur le travail théorique et l’engagement ecclésial. Les auteures visent une renaissance catholique confrontée aux changements du monde contemporain.